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La Bayadère, l’offrande de Rudolf Noureev à Paris

L’Opéra de Paris reprend la Bayadère, le ballet merveilleux, ultime et universelle chorégraphie de Rudolf Noureev, le seigneur de la danse.

Dans le palais du Rajah, l’acte II de la Bayadère à l’Opéra de Paris

Il faut imaginer Rudolf Nourev à Paris.

Un jour de juin 1961, en tournée avec le ballet du Kirov – devenu le Mariinski de Saint-Petersbourg – à Paris, il a choisi la liberté, faussant compagnie le jour du départ aux gardes du KGB à l’aéroport du Bourget. « Il y a un danseur russe en bas qui veut rester en France », avait dit Clara Saint aux inspecteurs en service. Et voilà, Noureev, le Tatare, né dans un train entre Irkoutsk et Vladivostok, danseur russe des pointes au bout des doigts, qui épouse la France et l’Opéra de Paris.

Le guerrier Solor (ici Paul Marque) dans la chorégraphie de Rudolf Noureev

Dans sa valise, il apporte sa beauté, son athlétisme et aussi, il ramène ces pas de deux, ces entrechats que Marius Petipa le danseur marseillais qui avait fait le chemin inverse, avait importé un siècle plus tôt dans les mêmes ballets de Russie. C’est toute la force de la danse, cette alliance entre les cultures russe et française, ce tissage de technique, de travail, d’efforts insensés, de grâce, d’art, de beauté, de poésie, de rêve.

Voilà l’offrande de Noureev au pays qui l’accueille. Un bouquet multicolore et merveilleux de chorégraphies : Raymonda, le Lac des Cygnes, Roméo et Juliette, la Tempête, Casse-noisette, Cendrillon, la Belle au bois dormant… dès lors qu’il est nommé directeur de la danse à l’Opéra de Paris, il n’a de cesse de restituer à l’ancienne Académie de la Danse les splendeurs de ses chorégraphies. Et son plus beau cadeau, celui qui le contient tout entier, son berceau et son testament, est la Bayadère. Noureev y avait fait ses débuts en 1959 au Kirov dans le rôle du guerrier Solor. C’est avec ce personnage qu’il avait aussi ébloui Paris un soir de mai 1961 et encore 13 ans plus tard, sur la scène du Palais Garnier, à la demande de son directeur Rolf Liebermann.

La splendeur des décors d’Ezio Frigerio dans l’acte II de la Bayadère à l’Opéra de Paris

Et c’est pour cette splendeur chatoyante, frémissante, vibrante qu’il a jeté ses dernières forces en 1992, trois mois avant sa mort, pour offrir sa version du ballet en trois actes. Sur la musique de Ludwig Minkus, il entraîne sa troupe et les danseurs qu’il a formés à son image, Laurent Hilaire, Isabelle Guérin, Elisabeth Platel. Les décors d’Ezio Frigerio et les costumes de Franca Squarciapino dessinent une Inde imaginaire où les danseurs empruntent à tous les folklores du monde, de la grande Russie aux ballet académique français. Par magie, la Bayadère, cette danseuse sacrée universelle, nous fait rêver d’une réconciliation des peuples, des âmes, des ombres et des esprits. Un songe merveilleux.

Le Royaume des Ombres, acte III de la Bayadère à l’Opéra de Paris

https://www.operadeparis.fr/saison-21-22/ballet/la-bayadere

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