CONFIDENCES GRANDES FIGURES

Un voyage avec Christian Bobin

J’espérais revoir Christian Bobin avant Noël. Avec François Vercelletto, confrère et ami de Ouest-France, nous avions tenté de le joindre J’avais laissé un message chez lui, joint les éditions Gallimard, sans réponse. Rue Gaston-Gallimard, Vanessa Nahon m’avait confié qu’il était souffrant et avait dû annuler tous les rendez-vous prévus à l’occasion de la sortie de son dernier livre, Le Muguet rouge. J’espérais de meilleures nouvelles. Et, comme novembre est sans pitié, ce vendredi 25, François m’a envoyé un message : « Christian Bobin est mort hier. Triste. » J’ai ressorti tous ses livres, une vingtaine à la maison, sur la petite centaine qu’il a écrite, inlassablement, avec une application d’enfant. J’ai retrouvé les lettres que nous avons échangées et qui sont autant de petits cailloux qu’il m’a envoyés pour me montrer le chemin vers sa maison que je ne verrai jamais. Voici, nous y sommes et nous revivons cet après-midi du 29 janvier 2015 partagée au Train Bleu, face aux rails de la gare du Nord, l’un des plus beaux voyages que j’ai faits à ce jour. C’est comme si nous repartions vers votre maison, à la lisière de la forêt, et vous nous y attendiez, derrière la fenêtre. Merci, pour tout, cher Christian Bobin, et que l’éternité vous soit douce.

Depuis sa naissance, le 24 avril 1951, au Creusot, en Saône et Loire, en soixante livres, presque autant que d’années, Christian Bobin marche, très lentement, vers le ciel. De La Part Manquante à L’Homme-Joie, de La Plus que Vive à Louise Amour, du Très Bas à la Présence Pure, de L’Homme qui Marche au Christ aux Coquelicots, il tisse une œuvre unique, pétrie de foi chrétienne et d’amour des hommes. Il est pour quelques heures à Paris et nous avons rendez-vous au Train Bleu, le bar qui embrasse les voies ferrées à la gare de Lyon. « J’aurai du temps », m’a-t-il promis. Sa pogne terrienne et chaleureuse évoque les forêts de Bourgogne où il aime marcher, vêtu d’un solide pull de campagne et d’une bonne veste en cuir pour ne pas prendre froid. Comme il s’assied, un homme arrive, se penche vers lui, et s’excuse, un peu maladroit : « Vous êtes bien Christian Bobin ». Comme il aquiesce, il poursuit, domptant une timidité galopante : « Est-ce que je peux vous serrer la main ? » Christian Bobin la tend volontiers, et généreusement, comme on offre une large tartine beurrée à l’heure du goûter. Il murmure combien L’Homme-Joie a changé  sa vie, puis s’éclipse. Nous nous retrouvons devant deux thés Earl Grey. « C’était très émouvant, me dit-il, il était comme une montagne… » « C’est plutôt vous la montagne, et lui était comme le petit Poucet… » Nous sourions, sans trop parler, d’abord, tailler la plume, accorder nos instruments, plonge dans son regard rond comme celui d’un enfant, observer son visage où tout vibre et respire. Lire, prendre le temps de lire ; écouter, prendre le temps d’écouter la dentelle de son langage, c’est apprendre à s’émerveiller de la beauté de chaque instant, se laisser doucement effeuiller pour, de l’épine plantée dans nos cœurs, faire fleurir une rose. Même au creux de l’hiver.

Vous vivez à la campagne ?

Près du Creusot (Saône et Loire), où je suis né. C’est une maison dans la forêt. Quand je vais revenir ce soir, ce sera la nuit parfaite. La nuit, je rentre dans une bouteille d’encre noire,  et les étoiles sont très pures.

La maison en bordure de la forêt à Saint Firmin

Etes-vous ancré dans cette région de Bourgogne ?

J’aime ce pays qui est très dur. C’est un pays métallurgique, marqué par des choses de fer, aussi par le chômage, comme beaucoup d’autres en France. Quand vous vivez comme cela dans un pays un peu rude, peut-être êtes-vous d’autant plus sensible à la douceur ? Quand il y a un bruit de forges dans le ciel, peut-être vous êtes encore plus sensible à la brise qui passe dans un terrain vague, encore plus…

C’est là vos racines ?

Mes parents y sont nés et y ont vécu. Mon père était dessinateur technique, ma mère travaillait aussi à l’usine. Déjà, ils aimaient les livres. Je ne voyage pas beaucoup, pour autant, je ne me sens pas de racine. Un pays où je ne suis jamais allé, mais qui est comme mon pays, c’est la Russie. Les poètes y font partie du peuple, du bien commun au même titre que le pain ou que le vin. De ce que j’ai entrevu de la Camargue, c’est magnifique, cette terre indécise, où on ne sait ce qui appartient à la terre, au ciel, à l’eau. Il y a aussi en Bretagne une franchise que j’aime beaucoup. Les gens s’affrontent à quelque chose de dur qui est le fond granitique de la vie et cela donne une tenue, cela donne une beauté au visage. Mais mon vrai pays, c’est la page blanche, ce sont les nuages dans le ciel,  donc il bouge sans arrêt.

Comment écrivez-vous ?

J’ai amené mon ordinateur, je vais vous montrer… (il sort un gros stylo feutre noir et il rit). J’écris avec ça. Le papier, c’est ma cour de récréation. Je le noircis, ce qui est une façon de l’éclairer en même temps. Un des plus beaux moments de la journée, c’est dans un moment assez avancé de la nuit, avec la main droite qui tient le feutre noir, quelques feuilles de papier blanc, quand je commence à écrire sur quelque chose qui m’a touché ou sur quelque chose de lointain pour le ressusciter. Ma main à ce moment-là, elle chante, elle dessine ou elle joue. Mon geste est assez proche des gestes d’enfants de maternelle, un peu comme les Papiers collés de Matisse, préalablement enduits d’une peinture unique, puis découpés. Si vous atteignez quelque chose de juste dans la forme, la forme aura une certaine grâce, une résonnance. Je vois vraiment par image. Quand je regarde quelque chose, cela me fait penser à autre chose. Si je vois un scarabée, mes yeux me ramènent immédiatement à un samouraï…

Que représente l’écriture à vos yeux ?

C’est ma vie, cela m’aide à vivre, c’est ma respiration. Ecrire pour moi, c‘est essayer de nommer les choses à leur point d’apparition, quand elles ne sont pas encore annulées par nos paresses, par nos croyances, de faire surgir le neuf, l’absolument inouï de la vie. Il faut que la parole soit vivante, car si notre parole n’est pas vivante, nous sommes morts. Dans des conversations courantes, quelque chose jaillit parfois, une beauté de la langue, une saisie poétique du réel qui traverse les gens à leur insu, comme l’exemple, adorable, de cette petite fille. Elle parle à sa grand-mère d’un travail d’école sur l’amitié.  Elle dit «  c’est trop difficile, je n’ai écrit que des choses banales. Pour moi, une amie, c’est quelqu’un qui m’attend dans le couloir pendant que je rattache mes lacets. » Et cette parole, qu’elle n’a pas pensé à mettre dans son devoir, est pour moi comme une petite source d’eau vive.

Ecoutez-vous de la musique ?

J’écoute beaucoup de Bach et du jazz, ces temps-ci, ce sont des domaines assez proches… Le plus austère chez lui qui est pour moi le plus abondant, d’une simplicité inusable. Cette musique, construire à base de variations infimes, est comme une traduction immédiate de la vie. La vie que l’on mène a cette forme là. On peut penser que nous journées se ressemblent, mais elles bougent toujours n petit peu, et je crois que la danse sorcière de Bach le transcrit en sons et puis elle donne une énergie aussi. Je suis ignare, je ne connais rien aux sciences, cela ne m’inquiète pas de n’y rien connaître, mais je suis sûr que la substance de l’univers, que les atomes, que le jeu subtil entre eux est très proche de la danse des notes dans une sonate pour violoncelle de Bach. Cet homme-là a, sans y penser, sans le vouloir, découvert une chose de la vie matérielle et de la vie profonde de l’univers, et en même temps de nos cœurs, du dedans et du dehors…

Vous jouez de la musique ?

Non, la seule chose que je sais faire est assez pauvre, c’est écrire, sinon je ne sais rien faire d’autre de mes mains…

Comment vous y prenez-vous ?

Il y a deux moments dans l’écriture. D’abord, le plus important qui ne dépend pas de moi : être saisi, traversé par une émotion, une pensée que je n’avais pas une seconde avant. Il faut que je sois surpris, j’essaie d’écrire au plus près, de décrire au plus près, ensuite, il y a tout un travail. L’écriture consiste à se supprimer soi-même, de plus en plus, pour que le monde vienne sur la page. Ce que j’entends par se supprimer soi-même : j’essaie de supprimer ma part machinale, ma part somnambulique, ma part apprise. Quand je suis touché, disons, par une personne et que j’essaie d’en faire un portrait, comme un peintre, j’attrape mon émotion et je la jette sur la page, elle sera éclairante par elle-même. Tout est là au début, mais souvent un peu mélangé de choses que je crois devoir écrire, que je crois devoir rajouter ou que je crois devoir tempérer. Un peu comme si les choses venaient vers moi et me demandait de trouver leur nom, mais en même temps elles me le donnent, leur nom, elles me demandent de l’écrire, je serais un petit peu comme le secrétaire des choses muettes. Il faut que ce secrétaire-là se contente de faire son travail, il ne faut pas qu’il en rajoute. Et je m’aperçois après coup, que non, il faut dire au plus près, et au plus près de l’éclair, de la vision ou de l’émotion. Et ça suffit comme ça.

Qu’est-ce qui vous émeut en ce moment ?

C’est difficile à répondre. C’est la vie même. Ce qui me touche, c’est de me rappeler que la vie est à ce point fragile, la mienne, la vôtre, celle de tous,

Est-ce que les mots d’aujourd’hui saisissent la vie ?

Les mots qui servent à rendre compte de la vie d’aujourd’hui la plupart du temps sont prémâchés et donc ils ne sont pas nourriciers. Aujourd’hui, on nous voile les choses sous prétexte de nous les éclairer, on nous éloigne du monde sous prétexte de nous l’expliquer, on ne peut guère ouvrir un journal ou entendre une émission de radio ou de télé sans qu’on vous parle d’économie, or moi je crois que la langue économique, ce n’est pas la première. Ce n’est pas la plus vitale. Je pense que ce dont on meurt, c’est de tout ce qui n’est pas humain dans la langue. On a besoin tout simplement d’un langage et d’un monde qui ne soient pas mis tout entier sous un code barre. Quelque chose qui ne cherche pas à satisfaire un besoin, une envie ou à asseoir une puissance. On en a un besoin affolant, cela explique une partie des choses qui se passent. L’argent a une main mise que presque tout. Il faut aller dans une forêt de mensonges en se guidant juste avec son instinct et son oreille, essayer d’entendre là où on nous ment. On peut y arriver…

La quête de réussite, de richesse, de jeunesse éternelle, est-ce compatible avec cette recherche ?

La beauté est une partie de la vérité, c’est la beauté qui est en train de nous fuir, entre autres, épouvantée par les vies que nous menons. Pour autant je n’aime pas l’esthétisme, il y a quelque chose de cruel parfois chez les esthètes, les adorateurs de la beauté. Il n’y a pas un gramme de vie dans les images lisses que proposent d’eux même les plus grandes fortunes de ce monde, ces vies fermées de milliardaires américains avec des piscines infernalement bleues, des bâtiments dans lesquelles vous pourriez loger un quartier de Paris entier. Je ne sais pas si l’argent à lui seul réussit ce prodige, mais ce n’est pas avoir de la chance que de se mettre à l’abri de la vie, des surprises, de l’imprévu. Le commerce cherche à attraper la vie, mais elle inimitable. Ces châteaux-là sont des châteaux de néants et ils s’écrouleront. Ils ont peut-être déjà commencé…

Beaucoup de visages sont fermés dans les villes. A Paris, croiser un regard dans le métro devient difficile…

C’est vrai… Je sais voir le sombre de cette vie, mais cette fermeture n’est pas définitive. L’inépuisable est à notre porte, il est là, il est partout. Je le vois aussi dans le métro. André Dhôtel, un écrivain que j’aimais beaucoup, trouvait que le plus fascinant à Paris, c’était les visages. Il disait qu’il y en avait autant que de champignons dans le sous-bois. Et il y a des milliers d’espèces de champignons… Dans le métro, les gens ne le savent pas, mais ils sont magnifiques. Parfois, ils ont des visages de livres fermés, mais un livre fermé, on peut l’ouvrir.

Le monde autour de nous est en train de se couvrir de carapaces (casques, gilets pare-balles), cela vous inquiète-t-il ?

Tout cela tombe au premier coup de tonnerre, ou alors quand on est amoureux. Ces jeunes dont vous dites qu’ils ont des casques greffés sur le crâne, les attend le tremblement de terre amoureux, c’est devant eux et c’est quelque chose devant quoi toute l’électronique ne tient pas.  Devant le tremblement d’une mèche blonde ou brune, devant le sourire de quelqu’un que l’on aime et qui s’en va, l’électronique, et toutes les armures que nous avons inventées ne tiennent pas, elles tombent. Elles tombent… elles tombent. Ma confiance, elle est dans ce point-là, elle est, au fond, dans le fait que la protection totale nous est impossible, et on le sait, on le voit en plus…

Les extrêmes s’affrontent désormais…

Je pense que le bateau coule et en même temps, je suis confiant. Il y a quelque chose d’invincible dans l’humain. Malheureusement l’humain s’éloigne ces temps-ci.  L’humain est enlevé même des visages et des regards, mais cela ne peut pas ne pas revenir parce que, tôt ou tard, vous avez à faire à l’inconnu d’aimer, à l’inconnu de mourir, à l’inconnu de perdre quelqu’un ; à des joies, à des amours, à des épreuves qui sont la base même de la vie et devant lesquelles vous vous redécouvrez. Et ce n’est pas uniquement des choses malheureuses, mais la simplicité de l’humain est inaltérable. Elle est recouverte, parfois même détruite, mais elle peut renaître. A tout moment.

Vous donnez au musée Rodin une lecture de votre texte « L’homme qui marche »…  Qui est cet homme ?

J’ai essayé de parler de quelqu’un, c’est le moins qu’on puisse dire, de mondialement connu, comme on pourrait parler de quelqu’un qui vient de rentrer dans la pièce, et dont on ne sait pas le nom, dont on ne sait pas ce qu’il fait dans la vie, mais dont on ressent la présence qui commence à nous bouleverser sans qu’on sache bien pourquoi. Il s’agit du Christ, mais il n’est jamais nommé en tant que tel, parce que je pense que le nom du Christ ou de Jésus cache la personne. Dans cette vie, nous croyons toujours connaître l’autre, nous sommes aveuglés par les connaissances que nous avons. Pour rencontrer vraiment quelqu’un, il faut traverser tous les écrans, tout le dictionnaire, toutes les rumeurs, toutes les opinions. J’ai essayé de faire un livre très bref sur le Christ en me basant sur sa présence humaine, vibrante, mais sans prononcer son nom, car c’était tout de suite faire venir tous les gardes du Vatican, et 2.000 ans d’histoire. C’était beaucoup trop lourd pour moi, cela soulevait beaucoup trop de poussière…

Un jour, on pourrait vous dire peut être que parler du Christ est interdit… L’inquiétant aujourd’hui, c’est que pour certaines religions, même un mot d’amour peut choquer…

Les religions sont de beaux tombeaux, mais le vivant ne s’y trouve pas. J’aime le pape François mais je ne suis pas sûr que le Christ habite encore au Vatican. Jean Grosjean, un grand poète et penseur qui a été prêtre a ce mot très beau sur les religions : « Moi, je suis entré dans l’Eglise pour le Christ et j’en suis sorti pour le Christ. »

Parler de Dieu, comment fait-on aujourd’hui ?

C’est devenu presque insupportable pour la plupart des gens, car ils ont souvent une définition très simpliste de Dieu. Je peux vous en proposer une définition qui est d’un très grand penseur, Jean Grosjean : « Dieu, c’est l’abîme intérieur », c’est notre abîme intérieur. Ce n’est pas une autorité qui viendrait nous écraser ou nous culpabiliser. Ce n’est pas non plus quelqu’un qui vient nous dire comment il faut vivre. C’est l’insondable en nous, mais qui fait que nous vivons, c’est à dire que nous inventons, que nous créons, que nous jouons, que nous rions. Voyez, c’est à peu près l’inverse de tous les intégrismes de toutes les religions. C’est une puissance vitale qui traverse la mort mais qui n’en est pas défaite, c’est comme un printemps portatif.

Lisez-vous des textes religieux ?

Je ne fais pas la démarcation entre les textes religieux et les autres. Je cherche juste la vie, je cherche la plaque chauffée à blanc de la vie. Certains vers d’Ossip Mandelstam, poète russe mort en 1938 dans un camp, me parlent de la vie éternelle aussi bien, et même sans doute mieux que certains textes dits spirituels. J’aime aussi beaucoup les poètes arabes. Le penseur perse et fondateur du soufisme au XIIIe siècle, Rumi me touche beaucoup. Il y a chez lui une ivresse des mots qui fait danser la vie autour de cette chose impossible à dire, même le mot de Dieu n’y suffira pas. Les poètes arabes sont très fort pour cela. Très très forts et très grands.

La poésie devient aussi révolutionnaire par les temps qui courent…

Elle l’est. Les puissances mortifères qui se développent à certains moments dans l’histoire ne supportent pas la moindre herbe de vie, la moindre brise, il faut qu’il n’y ait plus aucun courant d’air dans les rues de la ville. Il faut que le ciel soit fermé et il n’y  a rien qui rouvre tout, à la fois les fenêtres et à la fois le ciel, comme la poésie. Ou comme une parole d’enfant. Il n’y a rien d’aussi puissant. La parole poétique qu’on pourrait qualifier d’amoureuse est par essence subversive, elle n’est pas gentille, elle n’est pas mièvre, elle n’est pas sentimentale. Elle est insurrectionnelle, elle multiplie, c’est une force de vie, pas de mort, oui…

Il faut continuer malgré tout ?

Et pour lui donner sa vraie résonnance, il ne faut surtout pas laisser seulement aux poètes ! La poésie, c’est le surgissement de la vérité dans le langage, et si vous l’entendez comme cela, vous comprenez tout de suite pourquoi on ne peut pas s’en passer. La poésie, cette vie dormante qui parfois se réveille pour tisser un lien entre deux personnes, ce n’est pas uniquement de la littérature, c’est une chose nécessaire et vitale, sinon, on parle comme on dit pour ne rien dire. Sinon on n’a aucune chance de comprendre ce qu’on vit.

Ecrire, est-ce un engagement, une mission pour vous ?

Une gitane dit qu’une belle vie, c’est une vie où on a le plus souffert. Il faut bien préciser cette parole parce qu’elle peut très vite être insupportable si on l’entend mal, il ne s’agit pas de souffrir par dolorisme ou masochisme. Chacun doit trouver sa place dans la vie, personne n’est inutile, absolument personne. La philosophe Simone Weil écrivait «  Le sens de la vie, c’est de bâtir une architecture dans l’âme ». A partir du moment où vous avez l’intuition que vous avez trouvé votre place, il faut la tenir, il faut faire votre travail. Voilà, je n’ai pas une mission, j’ai un travail. Il y a un trésor de choses pauvres qui nous est redonné, à tous, chaque matin tant qu’on est vivant, et que j’essaie de ne pas trop abîmer… Une belle vie, c’est une vie où la personne a beaucoup donné d’elle-même, s’est beaucoup élancée. Il y a eu beaucoup de floraisons, beaucoup de risques pris. C’est ça la vraie chance, c’est parfois coûteux, c’est parfois déchirant, mais c’est magnifique.

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