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La Petite Reine à la reconquête des marais salants de Guérande

Le vélo, souvent proie fragile des chauffards est en passe de gagner une bataille en presqu’île de Guérande. Une terre historique et sensible. A la demande de la commune de Batz-sur-Mer, le Conseil d’Etat examinait hier le très ligitieux projet de réaménagement de la portion de la RD 245 qui relie les hameaux de Kermoisan et Guérande. Surprise à la clef…

Dans les marais salants de Guérande, les paludiers circulaient d’abord à pied, puis à cheval, enfin à bicyclette. Les anciens ne comptent plus les récits, tragiques ou comiques, de chute, de carriole versée, de vélo poussé dans le fossé par un bolide inconscient. Marcel Lucas de Kervalet raconte toujours avec nostalgie l’accident qui a coûté la vie à son grand-père, Euchariste, un matin sur le bord de la route. François Le Callo se souvient plus heureusement que la bicyclette a permis aux paludiers de se rendre plus vite d’un point à l’autre et de commencer, donc, la reconquête de leur territoire. Puis la voiture s’était imposée en maîtresse du bitume et les élus avaient dessiné le tracé une rocade à quatre voies qui a faillé être jetée en travers des salines.

Une séance surréaliste au Conseil d’Etat

Ceux qui ont manifesté jadis contre ce projet auraient bu du petit lait s’ils avaient assisté hier à la séance surréaliste qui se tenait dans la salle des Travaux Publics au Conseil d’Etat à Paris. La commune de Batz-sur-mer présentait une requête visant à conclure le litige qui l’oppose depuis le 9 décembre 2011 à l’Association de défense et de protection des riverains de Kermoisan et de ses environs. En cause le réaménagement de la RD 245, cette route qui serpente entre Le Pouliguen et Batz-sur-Mer. Pour mémoire, le 6 septembre 2012 décembre 2011, la mairie avait signé un marché avec à l’entreprise Jouano TP de Guérande pour réaménager une portion de 1.200 mètres entre les hameaux de Roffiat et Kermoisan. Il s’agissait de retraiter les carrefours et les trottoirs, modifier l’organisation du stationnement, de rénover le réseau des eaux pluviales, de diminuer la largeur de la chaussée, d’installer un plateau surélevé et des chicanes, de modifier les courbes de virage et de refaire le revêtement et le marquage de la voie ». Très vite, les riverains se sont rebiffés, protestant contre les non-sens de cet aménagement : traitres trottoirs, chicanes capricieuses, ronds-points et les chaussées rétrécies et enfin, l’absence d’aménagement d’une piste cyclable. » D’abord déboutés par le tribunal administratif de Nantes, les mécontents avaient obtenu un début de reconnaissance de la cour administrative d’appel de Nantes . La commune avait en effet oublié l’article L.228-2 du code de l’environnementqui impose depuis 1996 la création d’itinéraires cyclables en cas de réalisation ou de rénovation de voies urbaines. Les juges nantais l’avaient enjoint de réexaminer la demande et de proposer un nouvel aménagement avant deux mois.

« Le vélo doit avoir sa place partout »

Batz-sur-Mer a joué la montre et tenté un dernier recours devant le Conseil d’Etat. Elle soutenait que la création d’une liaison douce entre le centre bourg et les villages compensait le manque d’aménagement cyclable sur la RD245. C’était oublier peut-être, que crise de la Covid oblige, dans la Capitale, même la rue de Rivoli et la place de la Concorde sont devenues aujourd’hui le territoire de la petite reine. Le rapporteur public s’est souvennu que Batz-sur-Mer un exemple. Rappelant que la commune « fait partie de la Presqu’île de Guérande, étroite langue de terre qui sépare les marais salants au de la Côte Sauvage au Sud », le rapporteur a affirmé : « c’est une liaison dangereuse pour les cyclistes. Aucun aménagement cyclable n’a été créé sur la route refaite. Même si une voie douce contourne le giratoire Olivier Guichard, ce n’est pas une solution de repli admissible. Le vélo doit avoir sa place partout» Le rapporteur public propose qu’il soit enjoint à la mairie de prendre dans un délai de six mois des mesures pour modifier les aménagements dangereux. Quelques détails auraient mérité un examen peut-être différent. Par exemple, la configuration très spécifique de Batz-sur-Mer et de ses villages. Peut-on vraiment considérer que la RD245 est une « voie urbaine », concerné par l’article invoqué alors qu’elle circule, certes entre deux hameaux, mais au milieu des salines ? Les conclusions du rapporteur public sont suivies dans 90°% des cas. Décision du Conseil d’Etat avant la fin de l’année.

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