Il pleut si fort sur Paris que la Seine sort de sont lit. Encore quelques heures, et elle s’insinuera à travers les quais, les rues, les pavés.
Avant d’aller la humer, envie, à contre-pied, de rêver de soleil, de légèreté, de chaleur, d’amour. Imaginez, au détour d’une rue, posée sur un mur, comme des papillons, une nuée de coeurs…
Ils s’invitent, éphémères et impertinents. Ils ne s’attardent jamais longtemps. Petit poucet heureux, leur auteur Inlovestreetart, les dissémine sur les murs, les rebords de fenêtres, comme un tendre jeu de piste. « Mes graffitis, dit-il, sont une déclaration d’amour à la femme que j’aime. Le premier est né, presque par hasard, au printemps 2017, impasse de la Mare, Paris XXe. C’était la première fois que j’écrivais sur un mur… » A l’époque, un simple « Je t’aime », suivi d’un prénom et d’un coeur, comme la virgule qui s’en élance, pulsation de vie. La couleur est venue un peu plus tard.
Sa douce s’appelle, dit la légende, Clémentine, joli fruit d’hiver, mais les coeurs s’offrent à tous ceux qui savent les chercher. Ils se lovent aux feuilles d’un arbre, enjolivent une gouttière, s’éparpillent sur un panneau. Ils vibrent dans une petite rue, illuminent l’ombre d’un porche.
Même sous la pluie, même au coeur de l’hiver, les dénicher est un cadeau offert aux patients, aux flâneurs, aux rêveurs, aux amoureux. Un remède à la mélancolie, une antidote à l’hiver, une invitation à célébrer bientôt, les baisers frais dans le cou, en vacances, l’été …
