
Le titre, c’est Valse avec Wondistilblegretralborilatausgavesosnoselchessou…, ou plus simplement Valse avec W… Il y a les sept danseurs de Ma Compagnie sur scène. Ça se passait le dimanche 15 septembre à la 34e édition du Festival le Temps D’aimer la Danse à Biarritz. Et bientôt, cet automne et cet hiver, dans plein d’autres endroits en France, et ailleurs. On ne sait plus bien si c’est de la danse, du sport, du jeu, du théâtre, si c’est pour les petits ou pour les grands… En tout cas, c’est drôlement bien.

Il est dit qu’il s’agit d’un « spectacle pour enfants, à partir de 6 ans ». Pourtant en même temps son nom est Valse pour W… La valse, c’est la valse à Papa, la valse à mille temps, la valse viennoise… Pas vraiment une danse pour enfants. D’ailleurs, je me souviens, il y a longtemps, avec une copine, on s’enfermait dans le salon, quand les parents étaient absents, et on enchaînait les vieilles valses de Strauss jusqu’au tournis…
Cela se passe au Théâtre le Colisée à Biarritz, ce vieux cinéma qui sent encore l’odeur des vieux fauteuils des années 1950… Bon, on s’installe et on attend. Il y a déjà des gens sur scène, dans un intérieur qui rappelle les appartements des années 1950-60-70, avec son papier peint géométrique jaune et marron, ses plantes en plastique, ses tableaux abstraits, son tabouret tamtam qui se balade tout seul, un personnage avec des rouflaquettes balaie, un autre range, accroche des tableaux qui tombent tout le temps tout seuls… Et puis surgit un énergumène qui rampe sur le sol comme un lézard, puis une fille qui saute partout avec une capuche rouge, une autre qui joue sa princesse : « fais-moi peur », « faire moi rire », « fais-moi danser » et le Sam, gentil, qui s’exécute tout en essayant de rattraper tous ces objets qui n’arrêtent pas de dégringoler… Et ça, déjà, ça fait bien rire les enfants ! On se demande ce qui va se passer. Est-ce qu’on a le droit de tirer la langue ? Est-ce qu’on a le droit d’être mort ? De faire tomber les choses fragiles ? De pleurer très fort ? Est-ce que si on éteint la lumière, tout est permis ? Est-ce qu’on peut jouer aux monstres ? Pourquoi les contes commencent par « il était une fois » et qu’il n’en y a pas de deuxième ?

Marc Lacourt et Pauline Valentin, les fondateurs de Ma Compagnie, qui ont créé cette pièce libertaire et joyeuse avec la dessinatrice pour enfant Delphine Perret, nous laissent inventer nos réponses entre leur joli décor et leur chouette bande son. Marc Lacourt signale : « Le livre Max et les maxi monstres m’a tout de suite habité. Ce bestseller de la littérature enfantine (en anglais : Where the Wild Things Are) de Maurice Sendak, publié la première fois 1963, décrit les aventures imaginaires d’un petit garçon nommé Max, furieux d’avoir été envoyé dans sa chambre sans dîner. Il devient le roi des montres velus et méchants, et orchestre une fête du tonnerre, où tout devient possible. »
Mais tout de même est-ce vraiment pour les enfants ? Marc Lacourt répond : « Après un spectacle devant des enfants, je sens une force démesurée, un potentiel immense. Très souvent, quand des enfants viennent au théâtre, ils y viennent pour la première fois. Avoir conscience de cette chance du premier impact, cela motive à tout faire pour leur donner l’envie de revenir au théâtre. Je suis constamment entouré d’enfants. Ils sont extrêmement précis, les enfants. Mes spectacles sont dits « jeune public » parce que je les définis ainsi, mais les adultes y trouvent leur compte aussi. D’autant que je ne crois pas qu’il faille exclure l’adulte dans un spectacle jeune public ! »

Comprend qui peut et qui veut. Ce qui est bien avec la Valse pour W…, c’est que tout peut s’écrouler, ce n’est pas grave, on ramasse, on se relève, on danse, et on recommence. On peut rêver de tout, d’un monde empli de surprises, de tendresse. On peut rêver de lancer des ballons vers le ciel et qu’ils reviennent. Et ça, c’est bien.

Les prochaines dates : 8-9 novembre , Théâtre de l’Hôtel de Ville, Saint Barthélémy d’Anjou où les décors ont été créés. 3 et 4 décembre au Grand Bleu à Lille, du 9 au 20 décembre au Festival Théâtre à tout âge, dans le Finistère, Aux Quinconces au Mans…
Photos : Festival le Temps d’Aimer C de Otero