JARDINS PARIS

Mille et une Orchidées : Et puis voici des fleurs

Sept des plus grands créateurs d’orchidées en France (*) ont réuni leurs talents et leur passion à celles des jardiniers du Museum d’Histoire Naturelle à Paris pour présenter sous les grandes serres du Jardin des Plantes leurs plus beaux spécimens et créations d’orchidées venues de tous les continents. Invitée rare, la collection d’orchidées du Sénat, constituée dès 1860, et qui fut longtemps la seule en France.

C’est un rayon de lumière, une petite promenade qui réveille le coeur et console des froideurs de l’hiver. En février, les orchidées pointent leur nez et pour la douzième fois, les Grandes Serres du Jardin des Plantes les invitent au coeur de leur jungle chaleureuse pour montrer les plus spécimens et inviter les visiteurs à mieux connaître ces plantes mystérieuses.

Comme l’expliquent les jardiniers du Museum, avec ses 30.000 espèces connues – et l’on en découvre chaque année des nouvelles – la famille des Orchidacées est une des plus importantes et des plus évoluées du règne végétal. Elle est répandue sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique, mais la plupart s’épanouissent dans les zones humides des régions tropicales et subtropicales. Les plus connues sont bien sûr les orchidées « papillons », dite Phalaenopsis, que l’on retrouve beaucoup chez les fleuristes, car leur floraison est plus régulière et plus spectaculaire. Mais il y en a tant d’autres, les Catlteyas, de Marcel Proust, fragiles et colorées ; les zygopetalum, au robes striées ou mouchetées et au parfum de muguet ou de jacinthe, les Oncidium dont les grappes spectaculaires ressemblent à un essain d’abeilles, les Cambria pointues, les Miltonia qui ressemblent à des pensées et aussi les Paphiopedilum, qui aiment l’ombrent et dont le labelle inférieur prend la forme d’un petit sabot, d’où son surnom de « Sabot de Vénus ». Sans oublier la Vanille, cette liane tropicale si délicate, qui produit les gousses délicieuses.

Elles sont toutes représentées d’une manière ou d’autre autre dans les Grandes Serres. Et les jardiniers de l’arboretum de Chèvreloup n’ont pas hésité, cette année, à prendre les chemins de traverse. Leur vision est particulièrement originale et instructive. Après l’éblouissement des premiers fleurissements, ils présentent les orchidées dans toute leur simplicité, comme elles vivent la plupart du temps, sans fleurs, mais fans un foisonnement de feuilles, de tiges et de pseudo-bulbes nourriciers qui leur permettent de subister sous leur manteau d’écorce en attentant le jour de refleurir.

L’autre option adoptée par le Museum est d’avoir groupé les floraisons. C’est un éblouissement de couleurs, de variétés, de caractère que ces corbeilles où, un peu serrées avec leurs soeurs, elles semblent se hisser sur la pointe des tiges pour montrer le meilleur d’elles-mêmes. Il y a encore le tour de force des jardiniers qui se sont joués de l’apesanteur pour les accrocher en grappes. « Nous nous sommes entraînés longtemps, explique Pierre Froidevaux, le responsable des Grandes Serres, afin de pouvoir suspendre par les interstices des verrières, tout un réseau de filins qui soutiennent les fûts de bambous où elles sont accrochées. » Depuis la grotte qui tapisse le fond des grandes serre, on les découvre ainsi entrelacées, comme elles le feraient dans une forêt tropicale entre les lianes, les palmiers et les philodendrons.

Et puis, pour les passionnés, voici un texte écrit, il y a quelques années en hommage au patron de l’opéra, Hugues R. Gall. Compagnon très actif de l’Académie des Beaux Arts, il a longtemps régné aussi sur la maison et les jardins de Claude Monet qu’il a métamorphosés. Nous avions partagé quelques instants la solitude blanche de la petite serre où Claude Monet avait commencé sa collection d’orchidées. Elles sont décrites dans le chapitre qui leur est consacré dans le roman « le Mystère Mozart ».

« Ceux qui les aiment le savent : les orchidées demandent plus de patience que de soin. Elles tolèrent même une certaine forme d’oubli, tant qu’elles ne sont pas exposées aux extrêmes. Elles peuvent ainsi végeter des années, sous leur manteau d’écorce et d’humus, développant quelques feuilles à peine visibles plur l’oeil le plus expert, mais creusant profondément leurs racines sous l’amas végétal qui les entoure. Jusqu’au jour où un signal intime les invite à refleurir. Quant le moment est venu, une irrépressible énergie la pousse vers son achèvement. On voit alors apparaître un fil qui devient tige, puis des bourgeons, enfin la fleur, monument de fragilité, capable de se nourrir des mois sur la plante qui l’a conçue et portée.

Elles reposent ici par centaines, hibernantes ou germinantes, sous le regard amoureux des jardiniers. Quand elles s’épanouissent, elles s’en vont embellir la grande maison, se donner des allures sophistiquées dans la compagnie des humains, avant de revenir ici couler des jours paisibles, dans le négligé de leurs racines apparentes. Claude Monet aimait faire la sieste à leurs côtés. A moins que, consciemment ou non, il ne se soit laisser bercer par les vapeurs narcotiques. Leur grande concentation dégagerait, dit-on, un lent et suave poison engourdissant lentement le coeur. »

Pratique :

Mille et une orchidées dans les grandes serres du Museum d’histoire Naturelle,

du 6 février au 10 mars 2025

animations et ateliers : Museum

Exposants invités :

Parmi les exposants,deux institutions sont présentes : la Ville de Paris (Jardin botanique/Serres d’Auteuil) et l’Arboretum de Versailles-Chèvreloup (site du Muséum national d’Histoire naturelle). Elles présentent des spécimens rares et étonnants de leurs collections.

Pour le plaisir des spécialistes et des néophytes, six producteurs français d’orchidées exposent des plantes originales dans des décors colorés et foisonnants, avec une touche personnelle : les Orchidées de Prestige, l’Orchidium, Vacherot & Lecoufle, les Orchidées du Val d’Yerres, Ryanne Orchidée et la Cour des Orchidées.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *